8.01.2016

Des chercheurs découvrent comment était fabriquée la corde il y a 40000 ans

MAJ 25/08/17
Le Professeur Nicholas Conard et des membres de son équipe ont présenté dans un article leur récente découverte: un outil utilisé pour faire de la corde.

Des chercheurs découvrent comment était fabriquée la corde il y a 40000 ans
Outil à fabriquer de la corde, en ivoire de mammouth, trouvé dans la grotte de Hohle Fels. Photo: University of Tübingen

La corde et la ficelle étaient des composantes cruciales dans la technologie des chasseurs cueilleurs.

Dans certains cas rarissimes des impressions de ficelle ont été trouvés dans de l'argile cuite et dans de rares occasion la ficelle était représentée dans l'art de l'âge glaciaire. Mais dans l'ensemble on ne sait rien de la ficelle, de la corde et des textiles au paléolithique.

C'est donc une découverte clé qui a été faite par l'équipe du professeur Conard dans la grotte de Hohle Fels dans le sud-ouest de l'Allemagne. Elle a été testée par le Dr Veerle Rots et son équipe de l'Université de Liège.

La trouvaille est une pièce en ivoire de mammouth soigneusement travaillée et bien conservée; elle fait 20.4cm de long et comprend quatre trous large de 7 à 9 mm. Chaque trou est bordée de profondes incisions en spirale.

Cela démontre que ces entailles élaborées sont des caractéristiques technologiques d'un équipement de fabrication de corde plutôt que de simples décorations.

De similaires découvertes dans le passé avaient été interprétées comme des redresseurs de flèche, de l'art décoratif ou même des instruments de musique.

Vue rapprochée d'un des trous de l'outil à faire de la corde. Photo: Copyright University of Tübingen

Grâce à l'état de préservation exceptionnel de l'artéfact et de tests rigoureux de l'équipe à Liège, les chercheurs ont pu démontrer que l'outil était utilisé pour fabriquer de la corde avec des fibres de plantes disponibles près de Hohle. "Cet outil répond à la question sur la façon dont la corde était fabriquée au Paléolithique" ajoute Veerle Rots, "une question qui travaille les scientifiques depuis des décennies".

L'outil à fabriquer de la corde a été découvert près des dépôts aurignaciens du site. Comme les célèbres figurines de femme et les flutes retrouvées sur le même site de Hohle Fels, l'outil date d'environ 40000 ans, à l'époque où les hommes modernes arrivaient en Europe.

La découverte souligne l'importance de la technologie des fibres et de l'importance de la corde et de la ficelle pour les chasseurs cueilleurs essayant de faire face aux défis de la vie à l'âge de glace.

L'équipe du professeur Conard fouille la grotte depuis 20 ans, et cet engagement à long terme a maintes fois payé; Hohle Fels est ainsi l'un des sites du Paléolithique les plus connus au monde.

Hohle Fels et les sites voisins des vallées de l' Ach et de la Lone ont été nominés pour le statut de patrimoine mondial à l'UNESCO.

Merci à Audric pour l'info !

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Démonstration de la façon dont était utilisé l'outil:
 

7.30.2016

Quand des dents de bébé nous parlent de l'empire polynésien

Au milieu du Pacifique Sud, près des Fidji et Samoa, se situent les îles Tonga. Jusqu'au 19ème siècle, cet archipel était dirigé par une ligné de rois appelés les Tu’i Tonga. Leur empire connut son apogée au début du 16ème siècle; ensuite, les guerres civiles ont miné les Tonga puis les premiers explorateurs européens sont arrivés, engendrant le chaos.

Localisation de Tonga sur le globe. (Image wikimedia commons sous licence CC-BY-SA 3.0)

Une équipe d'archéologues a analysé les restes d'un squelette de l'empire Tu’i Tonga afin d'en savoir plus sur le bilan humain au cours de cette période d'instabilité politique. Avec la permission du Royaume des Tonga, les archéologues de l'Université d'Otago de Nouvelle-Zélande ont analysé des dents de bébé provenant de deux tertres funéraires sur le site préhistorique d'Atele, sur l'île de Tongatapu, cœur de l'ancien empire.

Les squelettes ont été datés entre 1500 à 1800  après JC, une époque où le commerce florissait mais aussi où les différences entre les classes sociales s'accentuaient.
Au cours de cette période, le chef suprême de l'Empire Tu’i Tonga fit bâtir d'importants édifices en réquisitionnant le surplus de production des classes inférieures.

En quelques siècles, ces classes sociales, et l'empire lui-même, se sont fracturées suite à la guerre et des conflits politiques internes.

Ossements d'un enfant préhistorique du site d‘Atele, Royaume de Tonga. Photo: Siân Halcrow

Le site archéologique d'Atele, avec ses importants échantillons de squelettes d'enfants et bébés, permet aux chercheurs de répondre aux questions concernant la santé, les maladies et les stress physiologiques au cours de l'enfance.

La propagation des maladies infectieuses et épisodes périodiques de famines, suspectées par les les archéologues, ont probablement affecté les populations vulnérables plus durement.

Afin de tester leur hypothèse, l'équipe, dirigée par le dentiste Rami Farah et la bioarchéologue Siân Halcrow, a utilisé la microtomographie à rayon X (XMT). Ils ont pu ainsi examiner de plus près ces anciennes dents d'enfants et détecter des traces de décoloration dues au stress physique.

Farah et ses collègues ont trouvé des différences significatives entre les dents de bébé décolorées et non décolorées sur les sites funéraires d'Atele. C'est-à-dire que les dents décolorées résultent d'un stress physique survenu tôt dans la vie, et non pas due aux conditions du milieu d'enfouissement.

Halcrow explique que les "découvertes, sur les dents, de stress précoce dans la vie sont des preuves pathologiques de maladies infectieuses et métaboliques, pour de nombreux enfants du site."

Ces défauts de l'émail que l'équipe a découvert peuvent-être liée à l'infection d'une maladie comme le pian, mais aussi à d'autres infections tropicales courantes comme l'ankylostome, ou de la sous-nutrition périodique, qui peuvent toutes avoir une incidence sur le métabolisme d'un enfant qui grandit et se traduire par un faible développement des dents et des os.

"Cet article" écrivent les chercheurs, "est le premier pas pour apporter une meilleure compréhension de l'histoire des vies de ces enfants et bébés au cours de la période des chefferies à Tonga, une période de renforcement de la hiérarchie et des interactions à travers les réseaux commerciaux."

Plus important, cependant, cette nouvelle étude représente une nouvelle façon d'étudier la santé des très jeunes enfants dans le passé. Les archéologues ont l'habitude d'examiner les dents des adultes pour trouver des traces de défauts dans l'émail. Comme les dents poussent en continue au cours de l'enfance, leurs défauts sont liés au stress que la personne a traversé pendant l'enfance.

 Mais qu'en est-il de ceux qui n'ont pas eu de petite enfance ?

"Avec les méthodes précédentes", précise Halcrow, "nous ne pouvions observer que les individus ayant survécu à leur petite enfance". Elle explique que cette nouvelle technique, qui identifie les défauts dans les dents précoces, "nous a permis d'identifier tout stress en début de vie concernant les enfants qui ont succombé à la maladie au cours de cette période d'instabilité politique et sociale."

L'équipe a jusqu'ici appliqué sa nouvelle méthode pour regarder le stress vécu par les personnes les plus vulnérables vivant dans ce puissant empire dans les îles du Pacifique. Ils prévoient cependant de mener d'autres recherches de ce type dans le futur.


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7.27.2016

Une fonderie médiévale découverte en Sibérie

Des archéologues ont découvert par hasard, près du lac Baïkal, d'anciens fours uniques après avoir remarqué des scories et des revêtements d'argile sur une route accidentée utilisée par les touristes pour accéder au rivage.

Deux fours en pierre ont été découverts. Ils ont pu être utilisés pour fondre du minerai de fer pour des armes comme des couteaux, des pointes de flèches... Photo: Arthur Krinsky

Les tests avec des équipements géophysiques ont confirmé la présence de structures souterraines. C'est ainsi deux fours en pierre qui ont été mis au jour; on suppose qu'ils devaient servir à fondre du minerai de fer pour des armes comme des couteaux, des pointes de flèche et des crochets à carquois, ainsi que des pièces pour les harnais, étriers, faucilles et boucles de ceinture.

D'après le professeur Arthur Kharinsky, de l'Irkutsk National Research Technical University: "nous avons eu la chance de trouver cela. En priorité, nous avons sauvé ces vestiges inhabituels d'ancienne métallurgie de la destruction. Ensuite, nous avons découvert des traces de technologie avancée en métallurgie remontant aux alentours de 1000 après JC. Nous aurons une datation plus précise de ces trouvailles après les analyses au radiocarbone."

Les fours ont du appartenir au peuple Kourykan, connu entre autre pour ses habiles forgerons.

"Non loin des fours, nous avons trouvé des morceaux de minerai et des parties d'une couverture d'argile qui prouvent également l'existence d'un atelier métallurgique"

Photo: Arthur Krinsky

Le site est sur une colline à quelques dizaines de mètres du lac. Il semble avoir été choisi pour le vent optimal nécessaire pour les processus de combustion.

Les fouilles n'ont pas été poursuivies car le passage des touristes aurait pu endommager le site.

Ces fours sont parmi les plus anciens dans cette partie de la Sibérie, pourtant ils mettent en lumière un niveau de développement métallurgique plus avancé que ce que l'on croyait jusqu'ici pour cette période. "Les traditions métallurgiques dans cette région sont enracinées dans des temps beaucoup plus anciens" ajoute le professeur, "les premières découvertes ont été faites en 1998, les plus nombreuses ont eu lieu les années suivantes, ce qui nous montre que la région de Baïkal était l'une des plus grandes régions métallurgiques en Asie à la fin du premier millénaire avant JC et au début du premier millénaire après JC. Nous avons trouvé de nombreuses forges enfouies ressemblant à des fosses en forme d'entonnoir. Elles ont été creusées dans le sol fertile. Ces découvertes ont été faites près des villages de Kurma et Shara-Tagot."

A en juger par la quantité de fer, qui peut être produit avec de telles forges, les habitants ont réussi non seulement à répondre aux besoins de leur propre territoire, mais aussi à exporter la production vers des zones voisines.

Il est évident que les gens qui ont vécu ici, en dépit de tous les processus de migration, ont réussi à conserver, transmettre, et améliorer les technologies métallurgiques de génération en génération.


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7.25.2016

Une figurine sculptée âgée de près de 20000 ans découverte dans la grotte de Foissac


Sébastien du Fayet de la Tour, gestionnaire du site de la Grotte de Foissac dans l'Aveyron, a découvert une statuette en os sculptée et incisée dans une phalange de grand bovidé, probablement un auroch ou un bison.

Elle pourrait remonter jusqu'à 20.000 ans (une datation au carbone 14 a permis de déterminer que la salle d'où elle provient avait 20.000 ans).

Source photo: Centre Presse Aveyron

L'artéfact qui fait une dizaine de centimètres a dû être taillé avec un silex; il représente un objet anthropomorphe dont la forme rappelle celle d'un corps humain. On perçoit le visage, les yeux, et des traits qui pourraient être des scarifications. Le personnage semble porter un animal ou un nourrisson.

Les grottes ornées sont déjà rarissimes, mais celles contenant de tels artéfacts le sont encore plus: il y a la Laugerie Basse en Dordogne ou le Mas d'Azil en Ariège.

La découverte a été possible grâce à la rivière qui lessive le sol de la grotte et met régulièrement au jour des vestiges présents dans la cavité depuis des milliers d'années. Aussi, les chercheurs sont constamment à l'affut de ces trésors. Des squelettes humains, des poteries, ou des peintures ont déjà été découverts alors que seulement 10 km de cavités ont été explorées jusqu'ici, soit environ la moitié.

Dans le cas de cette figurine, ce n'est qu'après nettoyage que sont apparues les marques faites par l'homme.

Des relevés 3D de l'objet sont prévus afin de mieux cerner les intentions de l'artiste. Une datation plus précise est aussi envisagée afin de savoir à quel groupe appartenait le sculpteur; en effet, cette période a vu se succéder aussi bien Solutréens que Gravettiens, Magdaléniens, Aurignaciens...

Merci à Audric pour l'info !
Relecture par Marion Juglin
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7.22.2016

Les anciens mayas auraient eu un profond impact sur l'environnement

Il y a quelques mois, je publiais un article sur Les forêts nourricières: clés du succès de la civilisation Maya, où selon l'archéologue Anabel Ford, les anciens mayas savaient très bien gérer l'environnement de leur forêt tropicale à leur avantage... Voici aujourd'hui une théorie pratiquement opposée mise en avant par des chercheurs américains.


Des indices relevés dans les terres basses tropicales d'Amérique Centrale montreraient comment l'activité maya, il y a plus de 2000 ans, n'a pas seulement contribué au déclin de leur environnement mais continue d'influencer les conditions environnementales actuelles, d'après des chercheurs de l'Université du Texas à Austin.

Synthétisant d'anciennes et nouvelles données, les chercheurs ont été les premiers à montrer la pleine mesure du "Mayacène" comme microcosme du début de l'anthropocène, une période ou l'activité humaine a commencé à affecter considérablement les conditions environnementales.

Transects topographiques des basses terres mayas.

"La plupart des sources populaires parlent de l'anthropocène et des impacts humains sur le climat depuis la révolution industrielle, mais nous nous penchons plus profondément dans l'histoire" explique l'auteur principal, Tim Beach, professeur de géographie et d'Environnement au C.B. Smith Sr. Centennial, "Bien qu'il n'y ait pas de doute que cela ce soit accéléré au cours des derniers siècles, l'impact humain sur l'environnement dure depuis bien plus longtemps".

En regardant les impacts mayas sur le climat, la végétation, l'hydrologie et la lithosphère, il y a entre 3000 et 1000 ans, les chercheurs estiment que l'urbanisation avancée des mayas et l'infrastructure rurale ont altéré les écosystèmes dans les forêts tropicales à l'échelle mondiale. Les chercheurs ont identifié six marqueurs stratigraphiques qui indiquent une période de changement à grande échelle, comprenant: des rochers "d'argile maya", des séquences spécifiques du sol, des rapports isotopiques du carbone, de l'enrichissement chimique généralisé, des restes de constructions et des modifications du paysage, et des signes de changement climatique induit par les mayas.

"Ces marqueurs nous ont donné un aperçu sur la façon dont les mayas interagissaient avec leur environnement, ainsi que sur la portée de leur activité" ajoute Sheryl Luzzadder-Beach, co-auteur et présidente du Département de Géographie et de l'Environnement.

L'argile maya et les séquences de sol ont révélé de l'érosion, des changements dans l'utilisation des terres par l'homme et des périodes d'instabilité.

Les profils du sol près des zones humides ont montré des taux élevés d'isotopes de carbone dus à l'agriculture et à la production de maïs. Les chercheurs ont noté trois à quatre fois plus de phosphore dans les sédiments de l'ère maya.

Cependant, l'indication la plus visible de l'impact humain a été trouvée dans les restes de matériel de construction et dans les modifications du paysage. Les chercheurs pensent que ces indices révèlent comment les mayas utilisaient la gestion de l'eau pour s'adapter au changement climatique.

"En étudiant les systèmes de zones humides, nous avons été surpris de trouver une combinaison de contributions humaines et naturelles" explique Luzzadder-Beach, "les changements géochimiques indiquent que certaines zones humides étaient naturelles, alors que d'autres ont été construites pour faire pousser les cultures loin de l'importante population".

Les changements sont à la fois bons et mauvais, disent les chercheurs. "Historiquement, il est fréquent de dire ce qui est arrivé de négatif suite aux changements environnementaux passés, comme l'érosion et le changement climatique suite à la déforestation" dit Beach, "mais nous pouvons apprendre beaucoup sur la façon dont les mayas ont altéré leur environnement pour créer de vastes systèmes de champs pour avoir plus de récoltes et répondre à la hausse du niveau des mers".

Alors que certaines études suggèrent que la déforestation et d'autres utilisations des terres ont contribué au réchauffement et assèchement du climat régional lors de la Période Classique (il y a 1700 à 1100 ans), de nombreuses forêts existantes sont toujours influencées par les activités mayas, avec de nombreuses structures, des terrasses et zones humides qui existent encore de nos jours.

"Ce travail parle de l'histoire profonde et de la complexité des interactions humaines avec la nature, et ce, dans une partie du monde où nous avons encore peu de connaissances sur l'environnement naturel" continue Beach.

L'étude "Ancient Maya impacts on the Earth's surface: An Early Anthropocene analog?" était une collaboration entre des chercheurs en anthropologie, en environnement et en géographie.

Relecture par Marion Juglin
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7.15.2016

Les premiers agriculteurs: il y avait deux groupes distincts à l'origine

Une récente étude, coordonnée conjointement par des paléo-généticiens de l’Université Johannes Gutenberg de Mayence, des archéozoologues du CNRS et du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et des chercheurs du Musée National d’Iran, vient de démontrer que les agriculteurs et les éleveurs du Néolithique résidant il y a 10 000 ans dans les monts Zagros formaient un groupe génétiquement distinct des premiers éleveurs pionniers d’Anatolie occidentale et de l’Europe.

Cette carte montre les deux génomes “néolithiques” en provenance de la grotte Wezmeh et de Tepe Abdol Hosein dans le Zagros  (Iran). La zone orange représente le croissant Fertile. Crédits : Université Johannes Gutenberg de Mainz

Les scientifiques rapportent que ce groupe d'agriculteurs de l'âge du fer, inconnu jusqu'ici, aurait introduit l'agriculture dans le sud de l'Asie.

Les scientifiques qui ont analysé d'anciens restes humains trouvés dans les monts Zagros, aujourd'hui en Iran, rapportent qu'ils appartenaient à une population complètement distincte et qui semble avoir commencé l'agriculture à peu près au même moment que leurs cousins plus à l'ouest en Anatolie, aujourd'hui en Turquie.


"On pensait qu'il y avait un groupe d'inventeurs géniaux qui avaient développé l'agriculture" dit Joachim Burger, l'un des auteurs de l'étude, "maintenant, nous pouvons voir qu'il y avait plusieurs groupes génétiques".

Les scientifiques ont examiné l'ADN de fragments d'os vieux de 9000 à 10000 ans découverts dans une grotte près d'Islamabad, à 600km au sud-ouest de Téhéran. Ils ont découvert qu'ils appartenaient à un homme aux cheveux noirs, yeux marron et peau sombre. Curieusement, le régime alimentaire de l'homme comprenait des céréales, signe qu'il avait appris à cultiver.

Avec trois autres génomes anciens des monts Zagros, les chercheurs ont pu obtenir une image de la population dont les parents les plus proches ont été trouvés en Afghanistan et au Pakistan, et parmi les membres de la communauté religieuse zoroastrienne d'Iran.

Le peuple de Zagros avait des gênes très différents des européens modernes ou de leurs ancêtres agriculteurs de l'ouest de l'Anatolie et de Grèce, rapporte Burger, anthropologue et généticien des populations à l'Université Johannes Gutenberg de Mayence en Allemagne. Il précise que les auteurs de l'étude ont calculé que les deux populations se sont probablement scindées il y a au moins 50000 ans, peu après que les premiers hommes soient sortis d'Afrique.


Selon Burger, même si ces deux anciennes populations d'agriculteurs ne se sont pas mélangées, il est probable qu'elles se connaissaient, voire échangeaient des connaissances. Ainsi le développement de l'agriculture est très complexe et donc peu susceptible d'avoir spontanément eu lieu deux fois dans la même période de temps. "Il faut construire des maisons, raser les forêts, cultiver plusieurs plantes et assurer un approvisionnement en eau abondant" ajoute-t-il "c'est un immense processus qui prend plusieurs milliers d'années".

Pour Burger, ces découvertes pourraient aider à mieux comprendre une partie importante du développement de l'histoire humaine, négligée jusqu'ici par les chercheurs qui se concentraient sur les anciens mouvements migratoires vers l'Europe.

Relecture par Marion Juglin
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7.14.2016

Des femmes de haut rang inhumées à Stonehenge

Les restes de 14 femmes qui semblent avoir eu un statut élevé ou important ont été trouvés à Stonehenge.

La découverte, accompagnée d'autres trouvailles, supporte la théorie selon laquelle Stonehenge fonctionnait, au moins au cours d'une partie de sa longue histoire, comme un cimetière de crémation pour les dirigeants et autres personnes importantes. C'est ce que rapporte une étude publiée dans British Archaeology.

Le trou d'Aubrey N°7 a été fouillé dans les années 1920 par l'archéologue William Hawley qui le reboucha pour le préserver. Il décrivit alors une "masse indifférenciée". En conséquence, les fragments se sont amalgamés ou mélangés. Au total, l'équipe a trouvé 45kg d'ossements incinérés dans ce trou.

Lors de récentes fouilles, plus de femmes que d'hommes ont été trouvés inhumés à Stonehenge, un fait qui pourrait changer son image actuelle.

"Dans presque toutes les représentations de Stonehenge par les artistes, et reconstituteurs TV, nous voyons beaucoup d'hommes et peu ou pas de femmes" dit l'archéologue Mike Pitts, auteur du livre "Hengeworld", "l'archéologie nous montre maintenant (...) que les femmes étaient ici aussi importantes que les hommes. Cela contraste avec les anciens tertres funéraires où les hommes semblent avoir plus d'importance. Par définition, les cimetières étant rares, Stonehenge est ainsi exceptionnel; toute personne enterrée à Stonehenge est susceptible d'avoir été spéciale: familles de haut rang, détenteurs de compétences ou connaissances particulières, chefs politiques ou rituels".

Les récentes fouilles se sont concentrées sur ce que l'on appelle aujourd'hui le trou d'Aubrey 7, l'une des 56 fosses en craie creusées juste à l'extérieur du cercle de pierre et remontant aux premières phases de Stonehenge à la fin du 4ème et début du 3ème millénaire avant JC.

Christie Willis de l'Institut d'Archéologie de l'UCL (University College de Londres) a travaillé sur le projet et confirmé que les restes d'au moins quatorze femmes et neuf hommes, tous de jeunes adultes ou plus vieux, ont été trouvés sur le site.

Un ensemble d'analyses techniques high-tech, comme la tomodensitométrie, ont été nécessaires pour étudier les restes, étant donné que les personnes avaient été incinérées.
La datation au radiocarbone et d'autres analyses de toutes les sépultures connues à Stonehenge ont révélé des dates réparties entre 3100 et 2140 avant JC.

De longues broches en os, probablement des broches à cheveux, ainsi que des têtes de masse en gneiss (une pierre rayée associée à la transformation) ont aussi été mises au jour sur le site.

Une tête de masse en pierre (gneiss) et des broches en os ont été trouvées avec les restes humains incinérés dans le trou d'Aubrey. Photo: © English Heritage, with permission from Salisbury Museum

Cependant aucun reste d'enfant n'a été trouvé lors des fouilles: d'après Willis et Pitts de tels corps devaient être traités différemment. Pitts suppose que les bébés et enfants étaient aussi incinérés, mais que leurs cendres étaient dispersées aux alentours de la rivière Avon.

"Il y a une association courante entre les centres religieux du néolithique tardif et les sources ou parties supérieures des rivières importantes" explique-t-il. La situation de Stonehenge est aussi importante car les lieux de sépultures antérieurs de Grande-Bretagne, qui étaient souvent de grands tertres contenant des chambres en pierres et en bois, étaient plutôt installés au sommet des collines ou autres hauteurs, loin des endroits où vivaient les gens. Ce qui n'est pas le cas de Stonehenge dont le site a aussi servi d'habitat. Le lieu et d'autres cimetières crématoires plus tardifs ont plutôt tendance à être sur des terrains plus bas et près des rivières fréquentées par les locaux.

Willis rappelle que le monument a été construit environ 1000 ans après que l'agriculture soit arrivée du Moyen Orient. Les gens avaient du blé, de l'orge; des bovins, des cochons, des moutons et des chèvres, mais pas encore de chevaux.

Ils n'utilisaient pas encore la roue, mais avaient des outils en pierre bien conçus. Le travail du métal s'est propagé en Grande-Bretagne aux alentours de 2400 avant JC, ce qui était bien après les premières étapes de construction de Stonehenge.

Il semblerait que le statut des femmes à Stonehenge ait été éphémère. Selon Willis, le rôle des femmes dans la société "a probablement décliné à nouveau vers le 3ème millénaire avant JC... les preuves archéologiques et historiques ont montré que le statut des femmes a augmenté et diminué assez sensiblement à différents moments dans le passé".

Relecture par Marion Juglin
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7.11.2016

Fouille sous-marine des ruines des anciennes bases navales du Pirée

En 2010, un pêcheur local a guidé un groupe d'archéologues vers son lieu de pêche préféré qu'il fréquentait lorsqu'il était enfant.

Il avait l'habitude de s'asseoir sur d'antiques colonnes dépassant furtivement de la mer dans la partie nord de Mounichia dans le Pirée. Ces colonnes faisaient partie des ruines d'une ancienne base navale remontant à 480 avant JC. 

Plongeur fouillant les restes d'un hangar à navire dans le port de Mounichia (Université de Copenhague)

Les anciennes bases navales grecques ont joué un rôle essentiel dans la défaite de l'Empire Perse au cours de la bataille historique de Salamine. Et, depuis 2010, de nombreuses découvertes autour de ces ruines ont été faites.

L'exploration du port en partie submergé a permis la mise au jour de hangars à navires. Le projet Zea Harbor se déroule à la fois sur les sites terrestres et sous-marins des anciens ports de Zea et Mounichia, juste au sud d'Athènes.

Dessin de l'un des hangars à bateaux athéniens construit dans les ports du Pirée (Université de Copenhague)

Au cours d'une interview, Bjørn Lovén, directeur du projet Zea Harbor, a rapporté que les découvertes des bases navales et des fortifications du Pirée sont si significatives historiquement qu'on peut comparer leur importance archéologique à celle de l'Acropole, du Parthénon ou de l'Agora d'Athènes.

"Nous avons identifié, pour la première fois, des bases navales au Pirée du 5ème siècle avant JC, comprenant des hangars à bateaux, des cales et les fortifications du port" rapporte Lovén.

Le projet n'est cependant pas sans difficultés car les eaux du port du Pirée sont très actives avec la circulation des navires qui entrent et sortent du port en permanence, ce qui rend les eaux fortement polluées.

Des points d'entrée et de sortie appropriés sont importants pour minimiser la quantité de temps passé à la surface par des plongeurs entièrement équipés. (Photo: Zea Harbour Project)

Les archéologues doivent ainsi porter des combinaisons étanches résistantes aux produits chimiques et des masques complets avec des valves à pression positive pour éviter les contacts avec l'eau.

Sources:

  • Vidéos:
Archéologues sous-marins explorant les anciens ports d'Athènes:




La Bataille de Salamine (45mn - National Geographic):

 



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